L’attention du geste dans un monde qui scroll
- ladouchefroideartists
- 13 avr.
- 2 min de lecture
Ce texte ne contient pas d’image.
Et ce n’est pas une erreur.
C’est un choix.
Un contre-pied.
Parce que l’image sature.
Parce que tout le monde regarde, scrolle, zappe.
Parce que plus personne ne s’arrête.
Alors aujourd’hui, pas d’image. Seulement quelques mots. Peut-être une respiration.
Peindre pour ne pas sombrer
Je ne peins pas parce que j’ai le temps. Je peins parce que je n’ai pas le choix.
Si je ne peignais pas, je deviendrais folle.
Pas "folle" dans le sens romantique du mot, folle dans le sens réel :déboussolée, débordée, envahie par le monde et ses absurdités.
Peindre, c’est mon point d’ancrage.
C’est ce qui me permet de ne pas être avalée par le reste.
Par les injonctions, les réseaux, les infos, le bruit.
Le geste face au flux
Je crée tous les jours.
Pas parce que je veux produire. Mais parce que sinon, je m’abîme.
Dans ce monde où tout s’emballe, où l’on ne prend plus le temps de regarder une image plus de deux secondes, la peinture, la vraie, celle qui s’accroche à la toile, devient presque une insulte.
Trop lente.
Trop silencieuse.
Trop présente.
Mais je m’en fous. Je continue.
Ce que l’écran ne peut pas donner
Ce que je cherche ne brille pas.
Ce que je peins ne clignote pas.
Ce n’est pas un visuel "à partager".
C’est un fragment d’intime, un morceau de monde que j’essaie de comprendre.
Et parfois, je pense au feu. Quand j’allumais la flamme le matin, avant que la maison ne se réveille. Ce moment suspendu, hypnotique, où la braise s’anime, où la flamme danse, hésite, se dresse. Une beauté simple, brute, silencieuse.
Bachelard en parlait si bien dans La psychanalyse du feu.
Il voyait dans la flamme une rêverie en mouvement,un appel à l’imaginaire et à la contemplation.
C’est ça, la peinture pour moi : un feu qui tient debout dans le silence.
Alors voilà.
Pas d’image.
Mais une invitation.
À ralentir une seconde.
À lire.
À imaginer.
À se souvenir que tout n’est pas à consommer.
Elise.
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