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Peindre la mémoire


À propos de la série « Nos jours heureux », exposition du 15 novembre au 6 décembre à la Galerie Cheloudiakoff - Belfort


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Il y a quelque chose de paradoxal à vouloir peindre un souvenir.

Le souvenir est mouvement. Il tremble, il floute, il revient par bribes. Il surgit sans prévenir. Et pourtant, je choisis de l’arrêter.

Je pose une image. Une seule. Je la détache du flux. Je la transforme en peinture.


Cette série, Nos jours heureux, est née de films Super 8 familiaux des années 1970-1980.

Mais très vite, ces images de famille ne m’ont plus semblé être les miennes. Elles ont cessé de raconter une histoire personnelle pour devenir le support d’une mémoire plus vaste, plus collective, presque flottante.



Ce que l’image arrêtée fait à la mémoire


Peindre un arrêt sur image, c’est faire un pas de côté. C’est donner une place à ce qui passe souvent inaperçu : un geste sans importance, un corps qui traverse, un visage flou.

Ce n’est pas le souvenir qui compte, mais la sensation du souvenir. Pas ce que je me rappelle, mais ce que ça réveille.

En isolant certains fragments, j’offre à chaque spectateur un espace pour projeter ses propres réminiscences, ses silences, ses émotions diffuses.



Du film familial à la mémoire partagée



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Les vidéos de famille racontent toujours plus qu’un passé individuel. Elles portent les codes d’une époque : les vêtements, les gestes, la lumière.

Elles disent aussi ce que l’on ne filmait pas.

En les transposant en peinture, je crée une nouvelle temporalité.

Je quitte la narration linéaire pour entrer dans la densité d’un instant.











Peindre avec la matière du passé


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Les supports eux-mêmes portent cette mémoire. Toile de jute, tissus anciens, mouchoirs : ils sont les corps des souvenirs. Ils ont vécu. Ils ont parfois été cousus, lavés, usés. Et aujourd’hui, ils deviennent terrain d’accueil pour une image arrêtée.



Une peinture de la trace et de la résonance


Peindre un souvenir, c’est peut-être inventer un nouveau mode d’attention.

Un geste lent, presque silencieux, qui résiste à l’immédiateté. Une manière de dire que le passé ne s’efface pas, mais qu’il se transforme.

Je ne cherche pas à reproduire fidèlement l’image, ni à l’idéaliser. Et à travers elle, proposer un espace de mémoire sensible, ouvert à toutes les projections, à tous les imaginaires.



En conclusion


La série Nos jours heureux n’est pas un album de famille.

C’est une invitation à ralentir. À contempler ce qui a été.

Et peut-être, à retrouver en soi quelque chose de commun, quelque chose de tendre et d’universel.


Elise.

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