Rémanence – Ce qui reste après l’impact
- ladouchefroideartists
- 1 juin
- 3 min de lecture
Une immersion de La Douche Froide Artists à l’Espace Gandhi

Sous les hautes voûtes industrielles de l’Espace Gandhi, du 19 au 30 mai 2025, nous avons vécu bien plus qu’une simple résidence artistique.
Pendant onze jours, La Douche Froide Artists — le duo formé par Élise Poinsenot et Nove — a plongé corps et âme dans une création murale monumentale, en hommage aux figures marquantes du festival Rencontres et Racines d’Audincourt.
Treize portraits peints à l’aérosol, une toile en calligraphie urbaine, cinquante mètres de tissus tendus comme des murs vivants.
Cette performance plastique et humaine, portée par la confiance de partenaires engagés, célèbre les liens invisibles qui unissent les artistes, les luttes, les mémoires.
Rémanence, c’est le nom que nous avons choisi : ce qui persiste après l’impact.Et ce qui persiste, ici, c’est la trace humaine, le souffle de la peinture, et l’espoir que l’art tienne debout même quand le monde chancelle.
Deux jours à peine.
Deux jours que nous avons quitté l’espace Gandhi, le corps encore engourdi, les esprits saturés… mais le cœur vibrant.
Nous y sommes restés onze jours.
Onze jours de résidence, dont neuf de peinture ininterrompue, après une première journée de bâchage complet, de repérage, de calage.
50 mètres de toile tendus, coupés, apprivoisés.
Treize portraits réalisés à l’aérosol, une fresque typographique en graffiti pur, un mot comme titre, une ligne conductrice : rémanence.
Ce qui persiste après le choc. Ce qui imprime. Ce qui reste.
Chaque portrait s’est construit autour d’un mot : espérance, exil, insoumission, transmission...
Des artistes du festival Rencontres et Racines, choisis pour leur présence, leur portée, leur voix.
Nous les avons fait apparaître, un à un, dans une danse lente entre la forme et le souffle.
Une peinture sans reprise.
Un acte de présence.
Une performance.
Ces portraits se sont organisés en quatre groupes de pensée.
Quatre courants profonds : Résistances en feu, Terres et héritages, Authenticité et racines, Lumière et renaissance.
Et c’est là que nous avons compris : créer, c’est souvent tisser des liens invisibles entre les êtres.
Ce que nous pensions singulier était, en réalité, universel.
Peindre ces artistes, c’était aussi nous peindre nous-mêmes, dans nos fractures, nos révoltes, nos transmissions silencieuses.
Ce mot, performance, prend ici tout son sens.
Il y a l’excitation du début, cette fièvre délicieuse de la création : la salle vide, brute, à apprivoiser.

Le lieu dicte son tempo.
Il faut s'ajuster, être à l'écoute, se mettre à l’unisson. Tout ce que l’on avait prévu se transforme. Les idées se frottent au réel, et c’est là que ça commence vraiment.
Puis vient l’endurance. Les jours s’enchaînent. Le dos se tend. Les jambes flanchent. Et pourtant, l’on peint.
Encore.
Parce qu’on y est.
Parce qu’il faut tenir.
Parce qu’il y a quelque chose qui dépasse la fatigue.
Et au milieu de cette course, des haltes précieuses :le café offert par les âmes bienveillantes du quartier, les repas partagés au Théâtre de l’Unité, où la cuisine maison devient un baume, les visites régulières de Gérard Doutreleau et Jean-Luc Morin, deux regards lucides et soutenants, qui nous signifiaient que nous n’étions pas seuls.

Mais pour qu’un projet de cette ampleur voie le jour, il faut plus que de la peinture et du courage. Il faut une volonté humaine. Une décision politique de soutenir l’art non pas comme vitrine, mais comme geste vivant. Ce projet a pu exister parce que Jean-Luc Morin et Mathieu Sabarly ont choisi de faire confiance. Parce qu’ils ont permis à cette résidence de s’inscrire dans le temps, dans l’espace, dans la ville. Parce que des mains ont tenu ce projet quand il n’était encore qu’une idée, et qu’elles ne l’ont pas lâché.
C’est cela aussi, la rémanence.
Ce qui reste quand la confiance précède le résultat. Quand la ville ose ouvrir un espace pour que l’art advienne, sans maquillage, sans compromis.
Aujourd’hui, l’exposition est accrochée.
Pas une simple succession de toiles.
Une tension collective. Un chœur muet.
Treize visages, treize mots. Et une seule toile qui porte ce nom : RÉMANENCE.
Elle ne titre pas l’ensemble.
Elle l’habite.

Ce n’est pas une exposition.
C’est un passage.
Un souffle suspendu.
Un lieu de lutte et de lumière.
Un endroit où quelque chose s’est gravé.

Vernissage :Vendredi 6 juin 2025 à 18h, Espace Gandhi – 77 Grande Rue, Audincourt
Ouverture au public les week-ends de juin :→ 7 & 8 juin→ 14 & 15 juin→ 21 & 22 juin(de 14h à 18h – entrée libre)
Installation visible également lors du Festival Rencontres & Racines, du 27 au 30 juin.
Comments